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Blog de Raphaël Bardas, auteur du roman "Les Chevaliers du Tintamarre" (ed. Mnémos 2020) ; co-créateur des jeux de rôle Rétrofutur, Capharnaüm, Amnesya 2k51, Abyme et Venzia ; développeur sur les jeux Guildes El Dorado et Agone.


Tergiversations sur le Da Vinci Punk, épisode 2

Publié par greysmoke.over-blog.com sur 1 Avril 2016, 08:21am

Catégories : #Venzia

Tergiversations sur le Da Vinci Punk, épisode 2

Je serais bien en peine, en fait, s'il me fallait pondre une définition du Da Vinci Punk à la sauce Venzia. Par pure fainéantise, je vais plutôt proposer un petit quelque chose qui tiendra davantage de l'inventaire et de la mise au point.

Bref, le Da Vinci Punk de Venzia c'est quoi ? Comment le décrire et le mettre en scène ?

Tout d'abord, quelques concepts forts doivent apparaître, et ces concepts en convoquent d'autres (jouons un peu à Kamoulox…) :

  • Da Vinci convoque, évidemment, Renaissance Italienne, inventions, et par inférence (postmoderne ?) : complots, secrets fondamentaux et Comedia dell'arte.

  • Renaissance convoque fin de l'obscurantisme et retour aux inspirations antiques (ici on s'inspirera non pas des antiques de notre bonne vieille Terre, mais de ce qu'il reste des Pèlerins), révolutions techniques et artistiques.

  • Punk convoque des types à crêtes, trimballant des chiens et buvant la bière qui fait pisser… non.

  • Punk convoque subversion, contre-pouvoir, subsistance alternative, et sur le plan extradiégétique : briser les codes, se les approprier, revisiter.

  • Punk convoque ici steam… mais quel steampunk ? J'y reviens.

Alors pour commencer, il y a bien sur le name dropping, qui consiste en l'utilisation de termes évocateurs, qui feront appel des images fortes : Doge, canaux, gondoles, noms en italien, hippogriffes (symbole de la ville de Venise), vapeur, etc.

Mais il ne faut pas, surtout pas, s'en tenir là. On n'est pas des américains quand-même…

Dans Venzia, les hommes n'ont pas inventé la technologie steampunk. C'est un héritage, laissé par les Pélerins, peuple fondateur aujourd'hui disparu. Bien-sur, les Pélerins maîtrisaient une technologie bien plus avancée que la vapeur, mais ils ont choisi de laisser à disposition des hommes des concepts qu'ils pourraient maîtriser.

Ce que l'on nomme protogénèse dans cet univers, c'est donc toute technologie d'un niveau égal ou supérieur aux machines mécaniques et à vapeur. En réalité, cette Compétence (terme technique utilisé dans le jeu) englobe deux paradigmes :

  • Toute la technologie steampunk et clockpunk, qui permet les objets attendus de ces genres : navires-dirigeables, engins expérimentaux à vapeur, merveilles de l'horlogerie, etc.

  • Toute une science extrêmement avancée, qui va au-delà des limites de la matière et des règles de la physique telles que nous les connaissons.

La première est désormais maîtrisée par les habitants de Reggia, la seconde ne l'est que par de très rares élites technophiles, qui dans l'ensemble ne la maîtrisent d'ailleurs pas totalement, ne pouvant au mieux que la réparer et l'entretenir.

Dans les faits, comment cela fonctionne-t-il ? Chaque méga-cité dispose dans ses entrailles les plus inaccessibles d'un générateur central, sorte de pile inépuisable, qui actionne des machineries élémentaires qui produisent de la vapeur sous pression, laquelle actionne à son tour d'autres machineries, etc. et de relais en relais, la vapeur est distribuée dans « toute » (entre guillemets, car sans inégalité, pas de punk...) la cité. La vapeur à Venzia est donc un produit, un carburant, un bien et un service. Au quotidien, elle actionne les machineries qui permettent le courant du Grand Canal, la semi-automatisation de centaines d'écluses, le fonctionnement des cabines automatiques, l'eau courante chez les plus aisés, le fonctionnement d'appareils domestiques.

Par observation, l'homme a aussi appris à fabriquer ses propres machines à engrenages et à vapeur. Certains fonctionnent grâce à des chaudières autonomes, et ont donc besoin d'un combustible (on extrapolera ici en n'oubliant pas que Venzia est insulaire et qu'il y a très peu de ressources naturelles… il faudra donc miser sur des composts, des algues, des carcasses d'animaux marins, etc.)

Certains équipements et machines à vapeur utilisent des vapotubes, sortes de cartouches de vapeur ultra-pressurisées, que l'on glisse dans un fourreau alimentant le moteur, et puis roule mémé ! Ces vapotubes s'achètent, se vident, se rechargent, ce qui peut donner lieu à toutes sortes de trafics.

Ensuite, des aspects esthétiques fondamentaux pour notre Da Vinci Punk : l'architecture vénitienne (un mélange de roman, de gothique et de baroque), l'influence méridionale et maritime dans les us et coutume (plutôt que l'approche traditionnelle plus volontairement franco-britannique et industrielle). Bien entendu, l'industriel est là malgré tout, des capitaines de forage dirigent des mines sous la ville et dans les quelques terres émergées des eaux avoisinantes, des armateurs se livrent une course à l'équipement des plus vigoureuses et tirent la bourre aux familles nobles qui en ont historiquement le monopole. On assistera sans doute à l’ascension de certaines compagnies maritimes, armateurs bourgeois qui menaceront la suprématie maritime des Moncenigo. La confrontation de modèles économiques, pouvoirs et contre-pouvoirs heurtant leurs intérêts avec force complots, empoisonnements et actes de piraterie. Au-delà de l'émergence d'une bourgeoisie de plus en plus puissante on verra apparaître (progresser en fait) des courants de pensée philosophiques et politiques, tels qu'il fut à la Renaissance et dans les siècles qui lui succédèrent. A Venzia, des anarchistes (Leda Orefici, page 95 de Venzia, laisse ces idées émerger et faire leur place dans ses salons et dans leur entourage), d'autres encore, suprématistes en puissance, œuvreront pour la fin de l'actuelle magistrature républicaine et par exemple pour l'avènement d'une théocratie basée sur le culte des Pèlerins…

Donc, le Da Vinci Punk dans Venzia, reprend tous les attendus de ce genre, à ceci près que nous ne sommes pas dans une esthétique de la révolution industrielle mais d'une révolution technique et culturelle en milieu insulaire et méridional. Ici les hangars et les gares ferroviaires cèdent la place à des chantiers navals et des palais baroques.

L'imaginaire mécanique, lui, est bien présent. Les venziens ont besoin de ces technologies au quotidien pour se déplacer dans cette cité tout en pentes et en canaux. La vapeur est aussi essentielle pour l’hygiène, et la lutte contre les maladies et inconvénients dus à l'insularité. Les plate-formes agricoles utilisent irrigation et brumisation, engins agricoles à vapeur et automates de productivité. Et la mer est si présente, l'air si pollué, que l'on recherche le ciel, la lumière, la légèreté. Les machines volantes sont de plus en plus présentes même s'il n'existe pas encore de compagnies de transports en commun volants.

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